Bahamadia, originaire de Philly, cette artiste au flow inimitable fut rattachée à la Gangstarr Fondation. Sceau de Qualité qui frappa son Album Kollage (1996) produit par Primo, qui encore aujourd’hui n’ a pas pris une ride.
Alors on baisse les yeux quant on va chercher Bahamadia pour l’ouverture du bal de fin d’année et on promet à son père de la ramener avant minuit.
« you’re the prince with the glass slipper that my foot could fit in,
this feelin that I have is never endin, I’m sendin, my love like
Zhane’ up
in a box »
Le rap serait mort. Vous le savez déjà, le Manala ne partage pas ce constat nécrologique mais cela ne nous empêche pas de nous plonger dans les veilles galettes avec plaisir et sans nostalgie aucune. Revenons donc sur une expression des 90’s définissant un morceau de rap efficace : « c’est de la trompette », qual. fem, [trump t¨tt], ce dit d’un morceau qui déchire, syn. : « c’est de la tuerie », « c’est de la bomberie » , « c’est de la ntmerie ».
Nous souhaitons donc aujourd’hui revenir sur le good old time du low High Tech, celui de l’Akai S 100 gonflé à 10 mega, celui des copier coller sur Cubas Light version ATARI 1040 STE, et surtout celui de la fonction » Release ». L’astuce est simple, on découpe une note d’une trompette samplée sur une vielle galette, on la mouline dans son sampler et on la « release » pour y ajouter un léger écho crescendo ou decrescendo lancinant sur une prod bien fat. On insère cette note de trompette tout les 4 ou 8 mesures pour « habiller » sa strophe, ou alors pour « décorer » le refrain avec ces cuivres du pauvre.
Et voila une ambiance, celle d’une époque qui permet de positionner un morceau entre 1990 ( Step In The Arena…) , 1994 (Hard To Earn – to the Death …) , 1995 ( Center of Attention –The Infamous- Livin’proof), et 1996 ( Kollage, It Was Written, The Awakening, Hell On Earth), c’est-à-dire le momentum des boucles de basse crade, des premiers jingles et gimmicks, des caisses claires qui claquent sourdement et de la fameuse trompette en release. On vous l’accorde on est loin du bounce, mais en plein dans un Rap prisonnier d’autres apparences notamment celle de la street credibility et pas encore celle du Bling Bling.
Par la suite le vocoder et les sirènes du Crunck feront régner le South Crunk en haut des charts et par effet de bord rentrer le son de NY dans les bacs des collectionneurs.
Le rap est donc cette musique qui fait raisonner une voie à la marge, une voie qui donne à voir, un écho qui dérange et qui fait surtout retentir les trompettes là ou elles ne sonnent que trop souvent le glas.
Pour rester éveillé et curieux, pour assumer en plein soleil les délires de la nuit, pour décrypter les images de la TV réalité, pour découvrir notre équation des 00's, le boulevard des clips manalesques, un panorama des artistes nés dans les 80’s, mais aussi les DVD oubliés au fond du tiroir, la techno geek, de la fumée, des lumières et tout le reste.