Archives de Tag: 24h00

So 00′s : la séries US

So 00’s illustre le bilan des années 2000 avant de débuter une nouvelle décennie. Le principe, 3 photos, une addition pour une époque qui digère tout. Pour le meilleur et le pire

+

=

Aujourd’hui Undercover Boss ou la subjectivité à venir au pays de la CTU

C’est un « Surprise Surprise », Marcel Béliveau ayant été remplacé par ton patron et à la fin de la camera cachée, si tu t’es raté les conséquences sont un peu plus lourdes qu’un simple moment de honte partagé avec Thierry Lhermitte en acces Prime-Time.

En effet, le concept est simple : votre CEO, que vous ne croisez jamais, se grime et vous est présenté comme votre nouveau collègue avec lequel vous allez devoir composer et collaborer. Une décente incognito de l’executive dans les rouages de son entreprise.

Nous, spectateurs, devenons DRH derrière une vitre sans teint, témoin du bon professionnalisme ou du « je m’en foutisme » de ce salarié scruté et testé par son boss. Georges Orwell pour DRH. On quitte le boulot un peu plus tôt, on n’aide pas suffisamment son nouveau collègue à s’intégrer dans ses nouvelles fonctions, on est cynique envers l’organisation et ceux d’en haut et c’est d’autant moins de bonus sonnant et trébuchant au moment de la révélation finale. Ainsi l’émission se termine sur l’aveu, en mode bas les masques épiphanique par le boss himself qui distribue des liasses ou des promotions comme des mauvais points, extraits filmés à l’appui de sa décision. Cette plongée dans la réalité devant également permettre d’accoucher de reforme pour une entreprise plus humaine, les décideurs étant confrontés à la réalité des employés.

Mais les images ne sont pas là par hasard, et donc, à l’heure de vos entretiens annuels d’évaluation et d’objectifs, de quoi Undercover Boss est-il l’image ?

Tout d’abord d’une société où chacun scrute chacun, où la régulation ne peut passer que par la vigilance d’autrui, où le terme de proche « collaborateur » prend tout son sens dans une entreprise « petainiste » digne de la CTU, où un coup de fil peut devenir suspect en 24h00 et où les jeux de regards en coin devront permettre d’identifier cette putain de taupe qui chaque année passe à travers les mailles des recruteurs du FBI.

Boss Undecover est également l’image du capitalisme de réseau ayant succédé à celui plus hiérarchique et vertical, au capitalisme donc de projet, d’organisation matricielle fédératrice où les salariés doivent adhérer et dans laquelle ils doivent investir. Fini le capitalisme de papa où le chef d’entreprise est un salarié performant qui a gravi les échelons dans une entreprise hiérarchisée. Aujourd’hui l’individu est atomisé, isolé, séparé, friable, sécable dans une logique totalitaire puisque il se retrouve face à son CEO, face à l’autorité, sans intermédiaire, ni organe de régulation. Seul face au soleil, on se brûle.

Que reste-il alors au salarié ? Qu’est-ce qui nous appartient en dernier ressort face à un PDG omniprésent, omnipotent, omniscient ; l’autopunition mec. S’infliger sa punition et retirer cette jouissance à son patron. Abolissons la relation du «maître -esclave » en privant ces Napoléon aux petits pieds du pouvoir sadique et masochiste de leur relation à l’esclave. Retournons la violence contre le système pour le combattre, à la manière d’Edward Norton dans Fight Club. Après l’auto-surveillance, proclamons comme impérieux, l’auto-bastonnage. Voilà, comme le souligne Zizeck, le seul moyen de passer de «la subjectivité capitaliste à la subjectivité révolutionnaire» grâce à la pratique du corps de «nature apparemment masochiste».

Et oui la libération ça fait mal mais quitte à prendre des coups autant savoir d’où ils viennent. Et devenir enfin maître de la violence qui nous est faîte.

Et certains pensent encore qu’il ne s’agit que de TV.