Une fois n’est pas coutume, le Manala est heureux de prendre un coup de vieux et de se faire traiter de minot par un gamin né en 1995. Le groupe pose en Francais et porte le flambeau d’un rap qui se décline avec fraicheur et qualité.
Le flow est old school, les styles de Nekfeu, Fonky Flav’, Sneazzy , DJ Lo’ , Alpha Wann & Areno Jaz sont des oldies NG bien rafraichis.
L’album sort le 27 juin 2011. En bonus une phase de Nekfeu pour ton profil FB : » J’suis obligé de te casser le bras pour que tu passe en radio »
Accoudé à la buvette du stade » Lionel D« , un merguez frite et une bière à la main, une question nous taraude en regardant le match des vétérans du Rap : on devrait peut-être mettre le réveil ce samedi matin pour voir s’entraîner les espoirs ?
Pas que les maillots trop serrés pour des corps que le temps travaille et les phases de jeux désormais en slow motion ne nous émeuvent plus, mais il est peut-être temps de s’intéresser à la relève.
En effet, cette musique relativement jeune est en train de passer une étape. Les noms d’hier ne sont plus en gros caractères sur les affiches des festivals estivaux et les tribunes se vident un peu plus chaque week-end. Les matchs ne font plus recette, seuls les jubilés passionnent les foules avides de voir un dernier tour d’honneur des gloires passées. En train de commander la seconde tournée, la réflexion d’un jeune spectateur, un red bull à la main (qui ne peut donc qu’être né après 1990) nous a renvoyé à notre condition vieillissante : » Messieurs, c’est quoi je danse le Mia ? ».
Il fallait s’en douter, on n’avait pas voulu voir passer les années car AKH porte toujours son survet Adidas devant ses fourneaux, Joey hurle encore devant une foule de publicitaire pseudo trentenaire tutoyant en fait la quinqua, et Rockin ressort le costume du fils prodigue. Les concerts de re-formations de groupe historique (Cliqua, X-men, Sage Po, Express D, 2 Bal… ) et les redditions de disques n’étaient pas là non plus pour aider à remarquer que l’on est désormais un peu moins à l’aise dans son baggi et ce depuis belle lurette ( ndlr : expression de vieux). A la différence de Stress, si ma musique meurt c’est à trop se regarder dans le retro et peu à cause du Pear to Pear.
Aujourd’hui, nos vénères d’hier alimentent, par une drôle d’ironie de l’histoire, la fabrique des rêves pour une reconversion au plein milieu de la mediasphère. Ils sont désormais acteur, présentateur, illustrateur ou designer sonore. Après avoir parlé depuis sa marge, ils sont les bienvenus pour s’exprimer au cœur du système.
Un autre signe qui ne trompe pas quant à la vitalité d’une musique, son savoir devient quasi-universitaire, plus un mariage sans son érudit du rap à votre table, qui collectionne les vinyles compulsivement pour compenser la frustration de ne pas avoir pris le train au bon moment. Tenter de vivre l’instant 10 ans après le grand frisson n’est pas chose aisée. Dialogue d’érudits sur des morceaux produits parfois en 10 min au texte griffonné et aux liaisons hasardeuses plus que dangereuses. Le rap c’est une force brute qui déboite les nuques et qui semble peu compatible avec une analyse gnostique au champagne. Surtout quand on porte une cravates rose fushia.
Après avoir traversé l’électro, clamé son authenticité, revendiqué un territoire sous forme de baronnie, après avoir plongé les deux mains dans les paillettes, roulé en Hummer, avoir promis de ne pas se transformer en Rolling Stones un déambulateur sur scène, peut-on encore faire confiance à ce vieux pote avec qui on a vieilli, qui raconte que des conneries, qui n’est jamais à l’heure, qui arrête pas de se plaindre et qui passe ses soirées à se tartiner de crème anti-âge.
Alors ce samedi, on se lève tôt pour voir les espoirs jouer et arrêter de regarder les 90’s comme l’âge d’or de la trompette en mode release et des caisses claires saccadées :
Et nous voilà devant des joueurs qui portent les maillots prêts du corps, adeptes du style brillant, du pento dans les cheveux et des décrochages de oufs. Certains puisant dans le classique, d’autres dans la pose stylée, ou le mood grunge des blancs.
Alors un conseil, pour renouveler le style, inutile de se mettre à la guitare sèche, et au storytelling « benabardien » : oublie tes reprises et coupe toi la barbiche mec.
On préféra toujours l’authentique old timmer qui a gardé sa foi adolescente bien qu’évoluant dans un monde cynique, réaliste et froid (cf Anvil).
Keep the faith and don t believe the hype floqué sur le maillot du Manala.
Le rap c’était pas mieux avant, c’est vivant, et ça se pratique sur toute surface. En ce moment pour nous, c’est djorky en ZA.
Pour rester éveillé et curieux, pour assumer en plein soleil les délires de la nuit, pour décrypter les images de la TV réalité, pour découvrir notre équation des 00's, le boulevard des clips manalesques, un panorama des artistes nés dans les 80’s, mais aussi les DVD oubliés au fond du tiroir, la techno geek, de la fumée, des lumières et tout le reste.
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