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Aujourd’hui la realité de la TV : « Koh Lanta Raja Ampat » le Rite c’est Chic

 C’est un mix entre « Lost » pour la survie en milieu hostile et « Lost » pour la quête de soi et de figure paternelle, sauf que Jacob a été remplacé par Denis « Ginger » Brogniart et que la black smoke n’est pas vraiment en mode Random mais bien en mode délation au coin du feu. La question centrale pose l’enjeu :  » Qui trouvera les réponses qu’il était venu chercher à l’autre bout du monde ? » Bienvenue dans la TV réalité sauvage, de celle qui transcende les participants en lutte perpétuelle pour une immunité ou un moment de confort. Bienvenue dans cette incursion dans l’événement et le rite qui fait tant défaut à nos week end IKEA-PS3-MULTIPLEX ( marche aussi avec MUJI-WII-MK2).

 Koh-Lanta Raja Ampat

Affalé dans notre sofa, la main dans un bol de m&m’s, le Manala a été médusé par cet homme de 65 ans qui pleure devant la caméra, à bout de nerf après seulement deux épisodes à Raja Ampat, quelques bouchées de Manioc et des miettes de crabes faméliques dans l’estomac. Gégé a frôlé la déshydratation, son corps n’a pas suivi. Il craque et ses lèvres se déforment et se tordent, peu habituées à cette à l’aise, elles qui sont restées stoïques pendant 65 ans. Le doyen est anéanti, incapable de prouver aux autres qu’il en était encore capable. Trop vieux. Pas assez solide et désormais remplis de honte par crainte de ne pas être à la hauteur du  » plus grands défis de [sa] vie ».

 Laurent, quelques épisodes plus tard, un beau gosse athlétique à la coupe de Bichon pleure toutes les larmes de son corps devant son père : « C’est pour toi que je suis là papa » hurle-t-il sur cette plage paradisiaque transformée en camp de réfugié. Climax lacrymal d’une identification au père qui a besoin de boue, de stratégie d’alliance et de réunification pour s’exprimer.

Mais les images ne sont pas là par hasard, et donc, de quoi « Koh Lanta » est-il devenu l’image ?

  » Kho Lanta, c’est pour renouer avec mes ancêtres  » Teheriura 9 sept 2011

 De cette époque paternaliste, née sous X et qui ne connait pourtant pas son père. Orphelin, nous réclamons à corps et à cris, un mentor, un exemple, un maitre alors que nos parents ont depuis longtemps dévissés sous l’effet des Prozac corrigé au J&B et n’ont pas voulu endosser les habits du vieux sage pour pouvoir continuer à se saper comme leurs enfants. Une époque qui a pour slogan  » Ni Dieu Ni maitre » ne peut que préférer « le comptoir des cantonniers » à la toile de bure des Jedi. La vérité est ailleurs, et surtout loin du divin et de la transmission. La pyramide des âges se transformant en un vaste champs de bataille du tous contre tous, chacun étant une menace pour l’autre.

 Alors on écarquille les yeux devant ce vieux roublard naïf, devant cet Ulysse revenu d’un long voyage qui porte un pagne un peu trop larges pour ses hanches, se rêvant en chef de tribu qui prends les choses en mains. Ses chicos le prouvent, il a quelques kilomètres au compteur et nous devons lui faire crédit du bénéfice de l’âge. Comme il le rappelle après son éviction dans un lapsus révélateur  » Et Dieux sait que les Anciens, on en a des choses à apprendre ». Le spectateur, comme chacun des participants, est prit dans ce besoin de croire en cet homme déterminé qui montre le chemin mais fait du surplace quand il faut affronter les « courants » contraires. On l’écoute un peu distrait comme on écouterait avant un assaut, son adjudant chef, un peu con-con mais tout de même aguerri et affuté par le poids des années.

 Arrive alors ce qui doit arriver, notre père d’un jour, doit se faire ramasser. A nous de comprendre qu’il est humain. Forcement, c’est plus de son âge ces conneries mais il voulait y croire, il avait besoin d’un ultime combat à sa hauteur, plus séduisant qu’un pot de départ du Paradis des Chats « Numéro un de l’hébergement du Chat de Race » arrosé à la Blanquette de Limoux et aux curly éventés.

 Et le père et le fils seront désormais égaux devant les épreuves incompréhensibles de Kho Lanta, et tout le monde finira en larme. Nous deviendrons alors à notre tour des hommes d’honneur conscient de notre finitude.

Le rite c’est chic

 

Voila nos ainés obligés de subir les mêmes rites de passage cathodique que leur gamins, contraints d’affronter le rite de passage qui fera d’eux des hommes au collier d’immunité, des hommes à totem, des hommes en guerre face à la nature. La démarche volontaire fait que chacun se retrouve sur la même ligne de départ. Il n’y a pas de handicap ni de traitement de faveur.

La culture ayant horreur du vide, la TV a occupé l’espace que chacun d’entre nous, a laissé vacant. Les rites ont besoins des hommes pour les alimenter. Rien n’est eternel. Or nous n’alimentons plus rien en dehors de notre TL. Fini les rites dans une société désenchantée. Quant tout est KO, il n’y a plus rien pour nous faire prendre conscience de notre place dans un tout qui nous dépasse. La chaine semble rompue, le lien aussi. Le Manala regrette l’événement fondateur. Pas la virée au bar à hôtesses pour ses 16 ans avec Tonton et cousin, ou la première menstruation ( parité oblige, le Manala ne souhaite pas se faire barber) mais bien le moment qui vous fait prendre conscience que vous êtes un maillon d’une chaine qui vous dépasse. Désormais on vote sur un carton, on like, on RT, on appelle un numéro surtaxé, on éteint une torche, et on éteint la lumière en se disant qu’on a vécu un grand truc, une formidable aventure humaine, un grand frisson.

 Aujourd’hui l’initiation est télévisuelle. Inscrivez vous au casting pour vivre l’aventure de votre Vie ? On nous annonce en grande pompe l’arrivé de l’homme nouveaux, désireux d’éprouver quand il ne sent rien, de frôler la mort en bouffant des racines pourries sur une plage à deux pas d’un palace et finir en EVASAN à cause d’une diarrhée niagaresque…

 L’île de Kho Lanta se part des attributs du gymnase dans lequel on se rêve en exerçant, disponible à la révélation de soi, grâce aux épreuves initiatiques. Comme un flash, on se souvient des cours de Latin de Madame Chiavus en 5eme 8 ( celle des marginaux qui font LV 1 Anglais et non une langue exotique). Initium en latin désigne  » une entrée, un commencement » ou  » une ouverture », et le mot grec correspondant (teleîn) indique plutôt un accomplissement et une perfection. Les pieds dans la boue, chacun rêve de se mettre à l’épreuve.  » Qui saura maîtriser ses émotions pour ne pas perdre ses moyens ? »

 Profane

 Plus que jamais, loin nos écran, il est temps de vivre l’aventure sans procuration, d’échapper à la contre initiation télévisuelle. A nous de partir à l’ascension du Mont Improbable. Quitter le sofa de l’acteur passif pour devenir l’acteur de son changement, de sa mue. A nous de ne pas résister à cet appel à changer notre vie et saisir l’occasion de s’entrainer avec les dieux, avec soi même.

 Absorbés par la TV, ses sitcoms, ses débats, ses actualités et sa pseudo réalité, nous succombons à l’idée que l’homme est un loup pour l’homme, nous succombons à la guerre des égos derrière les fourneaux, nous plongeons dans le ressentiment d’un carrée VIP, nous rêvons d’une France de propriétaires, nous louons les vertus d’amour aveugle, vulgaire et éphémère.

 Il est temps de se retrousser les manches pour planter les poteaux de l’épreuve finale dans notre jardin, pour recréer l’écrin de l’extraordinaire. Il nous appartient de sacraliser une soirée, de s’inventer des rites, des scarifications joyeuses, de faire communauté et de se donner du mal pour créer une Alliance Bleue, une Ligue des Gentleman & Women extraordinaire, une écurie, un crew avec des règles, une tribu avec ses mythes.

 Vous avez décidé de vivre l’aventure de votre vie ?

 Levez la tête et visez le sommet pour vous réapproprier ce qui est en votre nos mains : vos vies.

 Et certains pensent encore qu’il ne s’agit que de TV.

Aujourd’hui la realité de la TV : Carré VIP direction nulle part

« Carré Viiiip » c’est plus que le nom d’un night club d’Annemasse mais bien le nouveau show d’Endemol. Huit héros de télé-réalité affronteront huit inconnus dans un combat de popularité. Ce serra donc l’occasion pour les adeptes du reseautage social 2.0 et autre skyblogger de se frotter à Giuseppe, vedette de «Qui veut épouser mon fils ? », à Mickaël Vendetta de la «Ferme célébrités», à Cindy de «Secret story 3», ou à Lesly.

Mais de quoi « Carré VIP « est il, si ce n’est l’image, en tout cas le concept?

Et bien de ce qui brule en nous, cette volonté de vouloir en être sans en être, de vouloir y toucher sans prétendre y toucher.  D’avoir la Carte, d’être dans le Club, d’être « les quelques » dans une époque de masse.

Nous voila confrontés à nos petites lâchetés quotidiennes, à notre égoïsme journalier, notre soif de reconnaissance, nos marchandages quotidiens pour être reconnu de l’autre.

La question légitime qui se pose alors à nous (merci Olivier pour cette accroche) est donc : comment penser en dehors de tout formalisme pré établi, loin des schèmes et des modalités que nous impose un monde normé, froid et violent qui nous vend la gloire comme le stade ultime de l’accomplissement ?

« Synthèse de la performance globale du salarié  exprimé en % « 

Son corolaire devenant alors, pourquoi prendre le risque de penser autrement. Pourquoi imaginer que ce qui nous entoure n’est pas figé ? Pourquoi croire que l’on pourrait faire exploser les cloisons modulaires et les panneaux privatifs qui accueillent notre productivité ? Pourquoi estimer que l’on vaut mieux que cette course impérative au max de « like » et de « com » ? Pourquoi rêver qu’ensemble c’est permis ?

Appliquer mise en forme automatique

Il s’agit dés lors d’affronter une certaine déception face à un environnement qui nous grignote et qui nous ronge. Qui sommes nous pour nous prétendre au dessus de la mêlée ?  C’est alors que le réel nous rattrape par la cravate, ce réel qui nous lamine tous les jours.  Putain de tapis qui nous fait toujours trébucher.

« Quelles sont les capacité a développer chez le salarié pour obtenir plus d’efficacité ? »

Il est alors surprenant de voir comment il est simple de se projeter dans le cadre que l’on nous impose, celui de la réalisation des objectifs, de l’efficience de la prise de parole effective, du monitoring des actions et qu’il est bien plus compliqué d’inventer un ailleurs commun, ouvert et partagé. « Et toi t’as fait quoi au juste jusqu’à présent ? »,  « Il serait peut être temps de revenir sur terre, non ? »

Et c’est cette machine dans ma tête qui reprend le dessus et semble résumer mon horizon à cet entretien annuel d’atteinte des objectifs. Nous voila tétanisé au delà la zone 5 sans notre TomTom ou au bord de l’apoplexie quant on sait que l’on aura une nuit courte avec seulement sept heures de sommeil.

WTF : Quel jeu en vaudra la chandelle ?

Est-ce qu’un jour, on acceptera le gout amer d’un lendemain où nos rêves d’hier deviennent des utopies usées, bonnes à recycler en désir de reconnaissance professionnel pour aspirer à ce que l’on nous donne comme rêve ?

« Impossible de modifier une cellule fusionné [Afficher l’aide] »

S’imaginer en chef de service, de section, en responsable de departement, de line of business, en directeur de cabinet, ou d’entité légale.

Rêver en organigramme et notes de services.

Fantasmer en copie cachée, boulettepoint et en intranet.

L’orgueil devient alors un moteur, celui de penser que l’on a quelque chose à dire, ou qu’il est important d’être ensemble, de se réunir pour quelque chose. Avoir un truc à soi que l’on partage. Avoir quelque chose à défendre plus important que quelques mètre carré d’espace privatif au Baron. Un rien, une maquette de train, un projet de vacances, un lipdub avec son appareil photo, ou l’organisation du concert de son cousin. Un truc qui devient à nous et qui nous permet d’éviter d’être un vieux agris, un père Fourrasse qui sait tout et qui jette les clefs par la fenêtre pour ceux qui n’ont pas les bonnes réponses.

« To do : Flash Report »

Mais l’exercice n’est pas chose aisé puisque on risque quand même sa peau, on risque de se décevoir, car il arrive de se prendre à ce jeu dont on prétend refuser les règles, et devenir celui que l’on rejette pour se comporter comme ceux qui règnent : un sourire en coin et un jéroboam dans les bras.

Alors on y retourne, on se lève, on ouvre les bras,  même si ils sont lourds, on s’oblige, on se discipline, on s’exerce,

« Cliquer sur répéter pour recevoir un rappel dans 5 minutes/  Business Review : Salle Syrha »

On parle, on échange, on recommence sans relâche et avec rigueur. A nous de trouver les chemins du surcroit, du sur-qualifiant, du mieux, de la sur-vie.

A nous de rompre avec l’oisiveté d’un horizon certain et confortable. A nous de troquer nos vielles habitudes, celles qui nous laminent et qui nous usent, celles qui nous conditionnent.

 » Un de vos meilleurs amis travaille- t-il dans l’entreprise ? « 

[Oui] [Non]

A nous d’accepter les mots, de nous réjouir de l’échange, de tourner autour du pot, de nous perdre, construire, monter, agrafer, coller, découper. Faire le grand huit, s’embrouiller, s’impliquer, se livrer et s’imbriquer forcément.

C’est alors que l’on se rend compte qu’on se fout de partager un quelque conque carré VIIIIIP car ce que l’on expérimente n’a pas de prix, qu’il s’agit bien de ce qui nous anime, et nous fait bouger. Qu’en soi, et avec les autres on a trouvé un bien plus précieux qu’une bouteille de Moët entouré d’ex gloire défraichies et vaniteuses.

Après avoir fait le point, on sait désormais qu’on préfère les nuits blanches pour user ces chemins qui même vers nulle part.

Car si rien n’est vrai alors tout est permis…

Voulez vous enregistrer les modifications apportées à Manala 6 mars ?

[Oui] [Non] [Annuler]

Aujourd’hui la réalité de la TV : Southern Fried Stings et la relativité du contrat social

C’est un mix entre shérif fait moi peur pour la virée dans le sud coloré des US et « Faites entre l’accusé » la dégaine de Christian  » mondial du cuir » Hondellate  en moins. Vous aurez également après visionnage un arrière gout pas désagréable de redresseur de tort mode « sans aucun doute » de Julien Courbet.

La punch line de « Southern Fried Stings » est simple : «  Vers qui se tourner quand on ne veut pas impliquer les flics ? L’équipe des Southern Fried Stings ( ex-State Trooper) et son  expert en addiction Jay Russell. Quand l’adrénaline est à son climax, le spectateur est au cœur de l’action au service d’une véritable justice du sud. »

Bienvenue dans la TV réalité d’une justice pas comme les autres, une justice Méridionale, faites avec les mains et qui parle un peu fort en rotant la bud et la sauce BBQ. On dirait le sud, ses cow-boy sadomaso, ses « survivalistes » allumés, ses red necks qui font des bombes et de la Meth avec du désherbant pour tromper l’ennui, ses joueurs de banjo qui se prennent pour crocodile dundee.

Mais les images ne sont pas là par hasard, et donc, de quoi  » Southern Fried Stings » est-il l’image ?

Mais que l’homme est un loup pour l’homme, que la société est le ring de ce combat du tous contre tous car la sécurité est notre première liberté.

On interrogera alors cette main invisible, qui devrait symboliser cet acte de foi voulant que l’égoïsme de chacun contribue à l’intérêt de tous. Ici la main est en fait une grosse baffe qui doit corriger l’égoïsme ou les pulsions de chacun.

On nage en plein romantisme du détective privée incarnant l’indépendance face à un pouvoir central forcement corrompu. On navigue au volant de Hummer dans une Bourgade de province qui veut étouffer tout comportement gênant pouvant influencer la communauté. Et le dernier qui a évoqué la notion de contrat social s’est retrouvé pendu par les pieds sur le parking du Walmart.

Southern Fried Stings nous rappelle qu’il est temps de se faire justice soi même, que Carlos Gosnes ne peut pas  avoir totalement tort de prendre les devants, car il n’y a jamais de fumée sans feu.

Bien évidement le crime ne pait pas et le méchant trinque forcement à la fin et tout rentre dans l’ordre autour de bières fraiches dans le jardin.

Alors même si tout cela semble être du chické, on prend un plaisir certain à s’oublier dans les fringues d’un Taxi driver nourrit aux frustrations sur les terres du KFC et la prochaine fois que le voisin regèlera l’acoustique de son djumbé à 23h30 le jeudi soir pour impressionner ses copains de Greenpeace on n’hésitera pas à descendre une batte à la main pour régler les décibels.

Et certains pensent encore qu’il ne s’agit que de TV.

Aujourd’hui la réalité de la T.V : OPERATION REPO ou Il est temps de passer à la caisse

« Operation REPO » est l’équation parfaite, mixant le Juste Prix et le Vigilante dans sa pure tradition 70’s. Quand le crane luisant de Lagaf rencontre les moustaches de Charles Branson.

Bienvenue dans cette TV réalité qui accueille des familles de banlieue qui roulent en Humer, ou des rednecks équipant leur caravane d’un 5.1. « Tout y passe des bateaux ou des avions de luxe aux voitures de sports, si vous ne pouvez pas effectuer vos paiements, l’équipe de Repo vous trouvera ! Quand ils viennent récupérer la propriété des propriétaires fatigués, Lou, Sonia, Matt, Froy et Lyndah rien ne pourra les arrêter et ils feront le Job. »

Mais les images ne sont pas là par hasard, et donc, de quoi  » Operation REPO  « est-il l’image ?

Il s’agit ni plus ni moins d’un appel à la défense de l' »American Way of Life », du tout propriétaire qui est menacé par des ennemis intérieurs redoutables dont il faut redresser radicalement les torts.

A l’heure où le projet politique hexagonal se résume à une France de propriétaires, il semble  impossible de résister aux sirènes de la consommation. On doit tous plonger la tête la première et embrasser la petite sirène même si elle cache un sourire carnassier.

Pulsion libidinale d’achat pour se sentir exister à travers le  » shoot d’adrénaline  » addictif que procure une acquisition importante. Mais l’équipe de REPO ne semble pas familière de la lecture d' »Ars Indistrualis » et l’écran joue alors le miroir de nos craintes, celles de ne pas arriver à payer le craquage Glam, Geek ou  Bling Bling que nous a permis notre carte à paiement différé.  Elever notre niveau de vie, acheter notre propre passivité.

Operation REPO nous confirme qu’il y a aura toujours quelqu’un, quelque part, pour nous retrouver. L’inspecteur Harry veille au grain pour s’assurer de notre docilité et nous sermonner : « il est hors de question de partir sans payer ». Une famille, un pays un continent, REPO ne connait pas d’exception.

En effet, PAY BACK pour tout le monde et même si le peuple Grec a pour devise  « La liberté ou la mort » , ils ont été surpris de voir débarquer le 2 mai 2010 en Flying Dolphin l’équipe de REPO au complet. « BBB – , so Junk » . Vertu épiphanique pour nous rappeler qu’il est impossible de fuir, qu’il n’y a pas d’issue de secours. « No one’s ready to deal with us ». Mais on rétorquera que l’on ne peut composer avec la Liberté, cette dernière est totale ou elle n’est pas.  Les gros bras de Lou, ou de Matt au pays du Giros interrogent la comptabilité de cette faculté avec l’ère du temps.

Make your payments, the Operation Repo team will find you !!!

Operation REPO rend visible ce constat  » La liberté ne semble pas compatible avec le crédit revolving ».

A bas Mister Credito, Vive la location, Vive la légèreté,  puisque  « La propriété est un piège : ce que nous croyons posséder nous possède. »

A nous de ne pas être assez stupide pour croire qu’un objet n’est le notre que lorsque nous le possédons.

Et certains pensent encore qu’il ne s’agit que de TV.

Note :

Bernard Stiegler, Mécréance et discrédit, t.2, éd. Galillée

Alphonse Karr

Guy Debord

Aujourd’hui TV Foot et la victoire du Soccer

Le Football serait le premier sujet de conversation entre les hommes, devant le Zoroastrisme et Megan Fox. La Coupe du Monde en fut la preuve, le sujet occupe toutes les discussions à la machine à café, devant le poisson pané du vendredi ou le temps de trajet le matin pour arriver au taff. La lecture assidue de ce blog vous permettra de vous différencier de vos collègues en abordant ce sujet sous l’angle éminemment politique que ce sport revêt. D’autant plus que le vieux continent n’ayant pas de Brad Pitt ou de Georges Clooney, nos icônes ne peuvent être que des footballeurs. On à l’usine à rêve que l’on mérite.

Mais alors de quoi  TVfoot est  l’image ? Du réalisme froid de notre époque.

En effet,  sport populaire s’il en est, le football à l’image de notre société a été vidé de sa substantifique moelle par une logique de marché poussée à l’extrême. Sport des faubourgs ne nécessitant pas d’autres moyens que la seule envie de taper dans le ballon, le foot a été dépouillé du caractère universel  d’une rencontre autour d’un ballon de fortune.

Force est de constater que le foot biz exproprie le foot de son facteur poétique et humain ainsi :

– le collectif n’est plus que l’agglomération d’individualités depuis que le nom des joueurs est floqué sur les maillots (Coupe du Monde-USA) ;

– le supporter, machine à consommer a remplacé l’amateur éclairé, vieux truc relou qui avait un avis sur tout et souvent l’essentiel ;

– le beau geste est prohibé au nom de l’efficacité et de la victoire ;

– les brésiliens ont même déserté les championnats européens ;

– le soccer est en passe de devenir le sport des middle class US ;

– la défaite même avec classe n’as plus voix au chapitre. Désormais on préféra un 0-0 à un épique 3-2. Tout fout le camp.

La Grèce fut championne d’Europe avec un jeu cra-cra. A l’époque l’entraineur avait répondu que le foot efficace était celui qui gagne.

Espérons que le geste inutile, le beau, le partage soit un jour vainqueur et retrouver ses lettres de noblesse lors d’un renversant Sedan – Laval en ouverture de Telefoot.

Le beau jeu ne doit pas rester une utopie.

Note :

Jean Claude Michéa « Les intellectuels, le peuple et le ballon rond »

Eduardo Galeano, « Football, ombre et lumière »

 

Aujourd’hui la réalité de la T.V : Work of art the next Great Artist! – ou la FIACademy

C’est la « Roue de la Fortune » mélangée à « des idées prennent vie du côté de chez vous », car dans Work of art the next Great Artist, il faut savoir mixer avec habilité sens pratique de l’agencement de l’espace et connaissance parfaite de l’ère du temps. China Chow en plus, Dechavane et son chien en moins.

Le concept est simple, un jury, des éliminations, 14 artistes candidats dont un gros, un ouf, une bimbo, un bon gars, tous les stéréotypes pour que vous puissiez vous projeter. Entre l’opening et les 100 000 €, une série d’épreuves dans des délais contraints permettant des évaluations. L’intitulé des épreuves en dit long sur la passion artistique qui anime les producteurs :

  1. Create a work of art based on your Audi experience.
  2. Create a shocking piece.
  3. Design a book cover for one of six classic novels, Alice’s Adventures in Wonderland, Dracula, Frankenstein, Pride and Prejudice, Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde and The Time Machine

Nous voilà plongés dans le New York Arty des loft à plancher, des serveuses qui se rêvent artistes, des Yellow Cab et des soirées parrainées par Sarah Jessica Parker.

Mais les images ne sont pas là par hasard, et donc, de quoi « Work of art the next Great Artist ! » est-il l’image ?

Tout d’abord de la glorification de la vie d’artiste. Ironie de l’histoire puisque désormais le statut jusque là peu enviable d’artiste est devenu un horizon hype. On met de côté le stress lié à la nécessité de créer et à son corolaire, le désagréable manque d’inspiration. On partage sur petit écran, le dernier rêve occidental, celui de devenir créatif et de tout plaquer pour passer sa vie à faire des boulettes de papier collées dans des Tupperware au fond d’une salle à manger d’un loft berlinois. L’époque nous impose de répondre à l’injonction « crée et consomme ». La pomme remplace le poing vengeur comme logo de nos révoltes et voilà qu’être artiste devient cool. Les rêves de gloire surannée à la Trump sont so 90’s :  » Now I want to be the next star art ». Plus classe que la vulgaire starlette dont on exposera les bourrelets dans les pages de Gala sous réserve de ne pas finir comme Lebowitch. En plus une fois le statut d’artiste acquis, la sex tape se négocie plus cher et s’appelle installation.

C’est ainsi que la société entière se voit plongée derrière le voile grisant de la création. La vocation d’artiste auto-entrepreneur se répand et vous ne pouvez plus ignorer que même votre grand mère a son shop de cravates en soie sur internet. La notion d’art placebo se diffuse également et votre tante qui fait de la peinture sur porcelaine, encadre, au profit du Conseil Régional un groupe de détenus à la Santé. L’art est devenu cet ultime rempart permettant la libération des frustrations, le contournement des échecs. L’artiste comme médiateur, grand frère et dernier recours de la société. Looping, Baracuda, et Futé une pochette de papiers Canson sous le bras. L’agence tout risque en ancien de l’amical des Beaux Arts.

« Si vous avez un problème, si vous êtes seul, si personne ne peut vous aider, si vous êtes acculé, si la justice ne peut plus rien pour vous, il vous reste un recours, un seul : le CRAC de votre région. »

Avec ce show, on tente de rendre l’art contemporain soluble dans le capitalisme en réduisant l’art en élément de décoration pour happy few, en vernissage spectaculaire pour adulte jugeant le Space Mountain trop vulgaire. Or loin de la compétition de Work of art the next Great Artist ! , l’Art est cette expression de la conscience de soi et donne un statut d’archéologue de l’universalité humaine à l’artiste. Donner à voir ce qui nous rend humain ou inhumain loin de la concurrence des marchés et des publications, loin des gift shop et des parrainages.

Le contemporain n’est pas la hype, n’est pas cette paire de Wayfarer, n’est pas fluo, le contemporain n’est pas sur la liste, il n’a pas de carte de membre, il n’est pas une caste. Le contemporain est l’inactuel puisque l’artiste met en perspective, déphase, décadre pour ne plus coïncider avec son époque. La contemporanéité désigne « très précisément la relation au temps qui adhère à lui par le déphasage et l’anachronisme » comme le souligne Agamben.

Work of art the next Great Artist ! , pourtant ne répondra jamais aux questions essentielles, celles qui interrogent notre désir de créer, rien sur le vertige qui vous tenaille dans cette démarche vers l’inconnu, le nouveau. Nada sur comment articuler les verbes créer, œuvrer et faire ? Comment expliquer le grand saut, la prise de risque de tout plaquer et remettre sa lettre de dem’ en hurlant dans le bureau de son n+1. Comment définir ce hiatus, ce saut, cette discontinuité entre ce qui est déjà là et ce qui soudain vient au jour pour la première fois ?

Simon de Pury, membre du Jury et Président de Phillips, de Pury & Cie aura beau scander « Nous sommes meneurs sur le contemporain », on lui rappellera qu’il est simplement l’ère du temps.

Avant cette expo au Brooklyn Museum promise au vainqueur, la question essentielle est de savoir en quoi une œuvre n’est en rien de son temps, quel est ce dévissement vis-à-vis de l’époque, ce « vent d’inactualité qui les traverse pour les propulser à l’avant-garde de l’époque, dans le contemporain, là où art et prophétie se confondent ». Ne pas être de son temps est donc un acte de foi courageux et salvateur  » parce que cela signifie être capable non seulement de fixer le regard sur l’obscurité de l’époque, mais aussi de percevoir dans cette obscurité une lumière qui, dirigée vers nous, s’éloigne infiniment ».

L’art est bien cette nuée d’ombre qui éclaire et réside selon le Manala dans les travaux notamment de Guillaume Bresson, de Raphael Siboni, de Camille Henrot et des Quisterbert Bros.

What the FIAC !!!

Et certains pensent encore qu’il ne s’agit que de TV.

 

Note ; Sébastien Thibault, « D’une lecture croisée d’Agamben et d’un concert des Young Gods ou de la question de la contemporanéité dans la pop’ », Revue Appareil [En ligne],

Varia, Articles, Mis à jour le 05/11/2009.

URL: http://revues.mshparisnord.org/appareil/index.php?id=866

 

Aujourd’hui la réalité de la T.V : STAG – A Test of Love ou la vertue en slip aux Halles

 

Stag a Test of Love : last night of freedom est l’équation parfaite, l’adaptation génétique audiovisuelle ultime, issue du croisement de « l’Ile de la tentation» pour les tentations, mâtinée d’ «Union« pour le soft porn avec un soupçon d’enjeux moral issu de  «Say Yes to the Dress» pour le Graal matrimonial.

Bienvenue dans cette TV réalité qui accueille ces couples certains de leur amour et recrutés à la sortie d’un match de football US universitaire ou dans une boite de « sous préfecture » du Minnesota convaincu que leur promesse résistera aux plus viles tentations au nom d’un amour fusionnel et sans faille qu’annonce le mariage à venir. Avant d’aller voir Monsieur le Curé, les participants tentent le grand frisson  et vont éprouver leur fidélité lors d’une dernière nuit de liberté organisée par la prod.

On plonge donc dans l’univers des EVDG et EVDJF sous amphétamine américaine. La démesure faisant foi, l’enterrement de vie de Garçon est un mix grossier de 2/3 de « Las Vegas Fantassy » et d’1/3 d’ « Orgical Springbreak ». Le concept est simple :  un des deux futurs mariés passe une dernière nuit de liberté, que l’autre aura le plaisir de suivre à la TV en qualité DV portable tremblante bien cracra option ralenti et vision nocturne pour les passages litigieux.

On oublie vite le jeu des petits papiers entre potes ou du Pictionnary pour plonger dans la dérive d’une soirée riche en striptease Chantilly, en bain bouillonnant Lohanesque et en Hang Over intestinal. Une vrai soirée de tentation rythmée par des  » Mais putain mec, c’est ta dernière nuit » des potes mateurs et les phrases rassurantes de Samantha :  » Allez mon grand, on fait rien de mal et tu peux m’arrêter quand tu veux » ( NDLR : Cas jamais recensé à ce jour).  On est assez loin de l’accro-branche en costume d’Elvis que vous avez préparé pour votre meilleur pote ou du traditionnel diner organisé au Campanile de la Z.A de Plaisir, qui commence par le dessert et fini par l’entrée. L’enjeu est, vous l’aurez compris, de savoir si cette dernière nuit de liberté sera la nuit de trop. La nuit qui se mettra en travers de ce ppt multimedia interminable de photos des années Clearasil, œuvre d’une collecte minutieuse de Claudine, la meilleure amie ultra activiste sur « Copains d’avant » que la mariée traine depuis la 4° E du collège Rostand.

Mais les images ne sont pas là par hasard, et donc, de quoi « Stag a Test of Love : last night of freedom« est-il l’image ?

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Tout d’abord de la glorification d’un amour éphémère, de promesses cyniques sans conséquences  qui fondent devant le premier trio de playmate venue. La glorification de l’égoïsme hédoniste comme leitmotiv des années 00.

Mais également d’individu en proie à leur Libido primaire et esclave de leurs pulsions, d’une époque qui stimule les instincts les plus primaires. La maitrise n’est plus une option dans un monde sans régulation et la seule règle en vigueur est celle nous imposant de jouir dans l’instant, tout le temps, sans entrave. Ne jamais échapper à nos désirs, aux sollicitations permanentes du monde qui nous entoure et qui mobilise notre affect, flattent nos instincts les plus scabreux et qui font que nos actions ne soient le fruit que de nos pulsions libidineuses.  » Stag » nous rappel combien il est superficiel d’apprivoiser ses passions, de valoriser  la puissance de la pensée, d’être vertueux

Le Manala peut passer pour réactionnaire en défendant le mariage, la plus vieille et réactionnaire unité de solidarité sociétale. Il s’agit en fait simplement de souligner le mouvement à l’œuvre d’atomisation de l’individu troqué par cette liberté de succomber à ses pulsions libidinales. Être. Être seule mais libre, seul mais vide.

La liberté de l’un n’est donc pas celle des 2. Égoïsme nécessaire. Égocentrisme de la jouissance siliconée.

Sans trahir de secret, à 90 % des cas, les » Stag » se finissent en crise de larmes et en distribution de claque devant les évidences sur bande mini DV. La liste de mariage sera clôturée dans un déluge lacrymale, DJ Kevin sera décommandé au son des éclats d’assiettes et le pet enflammé de Tonton Bernard grand final de son strip tease ne finira pas sur VideoGag.

Et certains pensent encore qu’il ne s’agit que de TV.

Aujourd’hui la réalité de la T.V : « Toddlers & Tiaras » ou mes gamines font du Prom




C’est  un mix entre « Pimp my ride» pour la customisation à outrance  et «l’école des fans » pour les prestations des Kids, sauf que pour aller voir Jacques Martin, les gamins n’avaient pas l’obligation de porter un dentier pour combler les bracos de la petite sourie, et encore moins de pointer au Point soleil tout les 3 jours.
Bienvenue dans la TV réalité qui accueille les bras ouverts ces mamans vivants par procuration les concours de beauté auxquels elles inscrivent leurs mômes tout les week-end. « Toddlers & Tiaras »,  c’est Pimp my kids sans la voie grave d’X-Zibit, ni la bienveillance de Geneviève de Fontenay pour chapeauter des gamines de 3 mois à 9 ans aux cheveux brulés par les permanentes. Ces enfants en bas âges grandissent aux rythmes des défi-défilé, des regard mi-coquin / mi-mutin, des faux cils et des ajouts de cheveux. Autant de prothèse devant leur garantir le saint Graal : le Diadème.
On plonge donc dans l’univers de la gagne, des répétitions de chorée en costume de Cléopâtra, mais surtout des pleurs à la sentence des juges briseur de rêves et de parents donnant l’impression qu’ils maitrisent le développement de leur mioche.

Mais les images ne sont pas là par hasard, et donc, de quoi  » Toddlers & Tiaras « est-il l’image ?

Tout d’abord de ces enfants customisés par la volonté de leurs parents et qui nous annoncent l’ère de la Kate Mossisation des corps et des esprits dans une compétition effrénée vers l’uniformisation de la beauté.  Lors des concours de beautés, les Beverly et Meaghan sont toutes de mini « Brindilles » témoignant de leur transformation en Barbie Model, avatar de notre société du show off.  En effet, le concept du show est simple, puisque nous suivons des parents et leurs progénitures sur le chemin des concours de beautés pour « très, très » jeunes filles permanentées et souriantes.

On assiste aux étapes successives d’over looking de ces gamines portant le désire des parents mais surtout victime de la standardisation du comportement corporate loin de l’innocence de leur âge. Mutation en direct et troublante hybridation des corps qui transforme la jeunesse innocente en contrainte standardisée pour ces petites filles devenues lolita. « Toddlers & Tiaras » nous rappelle avec urgence que nous n’avons plus le choix qu’entre une vie échangeable, stylisée, relookée et coachée, et une vie sans style, sans valeurs et sans glamours.  Devant notre écran nous sommes tous des mannequins anglais…

Toddlers & Tiaras rend également visible le cannibalisme de parents qui veulent orienter la destinée de leurs enfants. Ainsi ces parents croient pouvoir influencer le devenir de leurs  » petit monstres » en les façonnant. Du Beauty Pageant au CD de « Mozart pour les tout petits »,  même combat : maitriser le développement de son enfant. Mais quelle est la véritable influence des parents sur la personnalité de leurs enfants au delà des faux cils et des ajouts de cheveux.  A la lecture de la Early Childhood Longitudinal Study ( ECLS),  il devient évident que ce n’est pas ce que les parents font, mais bien qui ils sont qui influencera le devenir de ces  » Bout de Choux ». Ainsi les résultats scolaires ne sont liés qu’a certains facteurs dont voici le Top 3:
1.    Les parents ont reçu une éducation supérieur
2.    Les parents appartiennent à une CSP +
3.    La mère avait plus de 30 ans quand elle a eu son premier enfant

Si « Toddlers & Tiaras » nous laisse croire que des parents peuvent influer sur le vie de leur progéniture via des mères frustrées de n’avoir pas été invitées au bal de fin de promo 20 ans auparavant, c’est pour mieux nous faire oublier que seul la maille compte et qu’elle est l’unique diadème synonyme de réussite. Seul les plus fortunés pourront se payer le dentier qui transforme le sourire aérée de votre gamine de 5 ans en sourire Ultra Brite à la Benny B.

L’économie comme mur indépassable. Bourdieu en filigrane. Les héritiers dans ta face.

Et la prochaine fois que l’on vous rétorquera qu' »It’s the economy, stupid » grâce à  « Toddlers & Tiaras » vous pourrez répondre que c’est bien en cela que c’est politique.

Et certains pensent encore qu’il ne s’agit que de TV.

Note ;
« Little dolls »par  Alain Delorme,
« Kate Moss Machine », par Christian Salmon
«  Freakeconomics  »,   par Steven D Levitt et Stephen J Dubner
« Pourquoi nos enfants deviennent ce qu’ils sont : De la véritable influence des parents sur la personnalité de leurs enfant »,  par Judith Rich Harris (Auteur),

Aujourd’hui la réalité de la T.V : « Addicted », Nous sommes tous en pleine montée

C’est un mix entre « Super Nany» pour le coaching de l’extrême et «Confession Intime » pour les révélations chaudes larmes devant la handy-cam, sauf que les gamins sont devenus grands, tètent la bouteille de vodka à grande lampée et biberonnent des pipes de meth’ avant de se coucher. Un rototo et au lit. Bienvenue dans la TV réalité qui accueille d’anciennes cheerleaders devenues mères trop tôt dévissant avidement la porte du frigo cadenassée à la clef de 12 pour s’enfiler la bouteille de 2 litres de vodka et finir avachie sur la table de la cuisine le visage déformé.

On plonge donc dans l’univers glauque des dépendances les plus profondes, celles qui vous font oublier le Réel, celle qui vous font vous réveiller sur la moquette ou danser contre un mur, celle qui transforme Enrique Eglias en Joe Strummer et vous font confondre vos toilettes avec votre dressing. Les toxicomanes de toutes sortes seront coachés par une Super Nanny les épaulant pour atteindre cette rédemption lumineuse, le firmament du clean.TLC mettant au passage les deux mains dans un voyeurisme trash, loin du talent du Gonzo de Selby Junior, filme en gros plan et en séquence la prise de substance illicite et ses conséquences.

Mais les images ne sont pas là par hasard, et donc, de quoi « Addicted est-il l’image ?

D’un apéro géant qu’on regarde sans s’interroger sur ses causes mais en dénonçant ses conséquences car par fainéantise on ignore le mal pour se pencher sur ses symptômes. Or comme le rappelle Addicted, si la prise se fait en solo, elle est également l’occasion de la création de commun suite à une long cérémonial dans lequel, on brûle, on émiette, on échange les gestes, on transmet les tips. En effet le „pour faire comme et avec les autres“, ce besoin d’identification et d’appropriation à une communauté devient flagrant. Mais l’étiologie n’intéresse que trop peu. Et nous voilà sans nous en rendre compte en train d’applaudir les thèses sécuritaires alors que notre petite sœur engrange les rails de coke au son des Crystal Castle, que comme un Francais sur 4 vos parents roulent aux antidépresseurs, et que papy comme 54 % des hommes est dans la Red zone des consommateurs couperoses à risque. Tous pour le Narco populisme qui impose les test d’urine et nourrit la délation.

Addicted souhaite donc révéler et illustrer les ravages des « substances accélératrices », de la déchéance de ceux qui n’ont pas de volonté, et donc en creux de la nécessaire répression afin de canaliser les déviances propres à l’Homme. Cette émission nous donne donc à voir l’« homo sacer » d’Agamben, l’exclu, celui que l’ont peut sacrifier sans risque. Celui qui à l’ère de la global surveillance, n’est pourtant plus confronté à l’État mais à la prod d’une émission venue cannibaliser sa dépendance en dealant ses images borderline sur les network. Celui qui est au Ban, exclu de sa propre citoyenneté. En effet, l’homo sacer est «un homme qui est mort», il est «hors la loi, ou en dehors de la loi». Il est exclu de la communauté religieuse et de la vie politique réduite à 35 mn de programme sur une chaîne du câble. Ce Ban-dit est en dehors de la communauté, en étant « à la fois à l’extérieur et à l’intérieur », pour en quelque sorte« être enfermé dehors». Nous voilà spectateurs de ceux que l’on ne regarde pas d’habitude, ces parias, ces morts vivant réveillés des fosses. Et c’est alors que l’absorption de drogue rend caduque l’accès des sans part à ce qui pourtant leur est dû. Aux heures de grande écoute, nous voilà témoin du sacrifice de ceux qui n’ont plus d’importance politique.

Mais face à ce sacrifice en direct « Addicted » a la vertu première de nous faire oublier nos propres addictions, nos dépendances. Devant cette prise d’hero en direct, on relativise les 10 heures d’attente pour l’achat de son Ipad, devant cette bouteille de vodka descendue en 3 gorgées. On oublie notre grille de Loto que l’on valide machinalement tous les mercredi soirs, on néglige notre consommation frénétique de séries et notre fusion charnelle aux réseaux sociaux, autant de compulsions nous permettant de prendre de la distance avec un Réel menaçant.

« Addicted » en nous montrant des toxicos en mode zombie nous permet de poser un voile sur notre monde d’intoxiqué de suburb, où chacun cherche son filtre par rapport à la réalité, par rapport à l’autre afin de se réconcilier avec un monde par trop menaçant. « Addicted » prône donc un monde de straight edge ou ne maîtrisant plus nos pulsions nous voilà réduits au non merci.

Un monde vert pâle qui roule à la bière sans alcool mais qui encourage le consomateur pulsionnel.

Et certains pensent encore qu’il ne s’agit que de TV.

Note :

Gilles Chatelet, Les Animaux malades du consensus, recueil des textes politiques, édition établie par Catherine Paoletti, Éditions Lignes, 2010

Giorgio Agamben, Homo Sacer II, 1. État d’exception, traduit par Joël Gayraud, Paris, Seuil, 2003

Mehdi Belhaj Kacem, La Psychose française, les banlieues : le ban de la République, éd. Gallimard

Aujourd’hui World Of Warcraft : t’es stuffé comme une moule man.

 

WOW sujet de faculté

Une étude récente de William Sims Bainbridge, sociologue américain, nous apprend que Wow est la première des communautés enchanteresses à l’ère du web 2.0. Une communauté utopique de partage et d’échange selon celui qui a consacré une année entière de sa vie à jouer à World of Warcraft. Aux US on n’est pas aux 35h comme le rappelle crânement le communiqué de presse de l’université, le chercheur ayant passé 40 heures par semaine sur le jeu pour un total de 2300 heures dans un univers fait d’avatars d’elfes de la nuit, de gnomes, d’humains, de mort-vivant, de nains, d’orcs, de taurens et de trolls dans le seul but de rédiger sa thèse au profit de la National Science Foundation.

 Le jeu a développé selon lui une règle de vie, une honte à la triche, un ordre tacite contre les ninja-loot, ou autres loot en combat lors des instances quand il faut arbitrer le partage du butin entre « Besoin » ou « Cupidité ».

Impact du virtuel sur le réel : un orc consomme plus qu’un Brésilien

Faisant écho aux articles sur Greg Akcelrod, de notre sympathie pour Slovaj Zizeck penseur théorisant les liens que le Virtuel entretient avec le Réel, le Manala associe cette étude à un comparatif sur la consommation électrique des PC des quelques 1 300 utilisateurs-avatars connectés en continu à Second Life. 1 300 avatars combinés aux 4 000 serveurs et à leurs systèmes de refroidissement. Quand le virtuel impacte sur le bilan carbone bien réel des joueurs en réseau. Cette étude estime que le monde virtuel consomme chaque jour 60 000 kW heure ; soit 4,8 kWh par avatar (60000/12500) et par jour.

Pays Consommation électrique moyenne par habitant en 2003
Europe 5765 kWh d’énergie électrique réelle par an
France 7585 kWh
Amérique du Sud 1706 kWh
Tunisie 1118 kWh
Algérie 796 kWh
Avatar virtuel de Second Life 1752 kWh

  

Un brésilien et un Avatar partagent donc la même passion pour les montures volantes et consomment la même quantité énergétique. Internet est vorace et vous invite dans le désert du réel. Sachez également que des petits chinois passent des heures à jouer en boucle à revendre des perso ou des accessoires à des gros bébés un peu fainéants. On les appelle des « gold farmers » : travailleurs du virtuel dans des sweatshops bien réels.

Le Frameur ou L’homme foule

Mais de quoi est donc l’image d’un gamer manipulant frénétiquement ces macro sur son clavier customisé ? De cet homme foule pardis, celui isolé mais en communion. Back in the days. Gustave Le Bon avec La Psychologie des foules, ouvre la voie à la première recherche consacrée au phénomène de foule, en écrivant :  » D’universels symptômes montrent, dans toutes les nations, l’accroissement rapide de la puissance des foules. L’avènement des foules marquera peut-être une des dernières étapes des civilisations d’Occident… »

Car la foule aurait sa propre nature psychique qui est souvent impulsive, parfois irritable, dominée des croyances quasi mystiques notamment dans la victoire de l’équipe de France au Mondial 2010. Une âme collective se propage grâce à notre société sur-connectée et sur-informée qui mettrait en place une multitude extraordinairement influençable et crédule. Toujours selon le Bon Gustave « dans certaines circonstances données, et seulement dans ces circonstances, une agglomération d’hommes possède des caractères nouveaux fort différents de ceux de chaque individu qui la compose ». La société des années 00’s vise l’invention d’une nouvelle manière de faire société. Je suis seul, mais je participe avec intensité aux activités d’une masse humaine virtuelle.

Aujourd’hui, William Sims Bainbridge nous fait comprendre que les masses sont devenues virtuelles. Plus de défilé, de réunion dans les stades mais des raids sur un village de la Horde ou la vie d’une Guilde. Force est de constater que chaque joueur parmi les 11,5 millions de comptes actifs, reçoit le même jeu, avec les mêmes règles dans « la solitude de [son] intimité domestique. »* Pour reprendre l’expression de Michel Eltchaninoff sur la télévision : « Etre en même temps relié à d’autres joueurs solitaires. On peut à la fois jouir de plaisirs solitaires et s’associer à la meute. Le « dé-foulement » est individuel et collectif. * »

Mais selon William Sims Bainbridge, WOW a réussi le tour de force d’empêcher la fusion des « mauvaises manières de l’homme dérobé au regard d’autrui et celles de la foule que rien n’arrête »*.

Il nous reste qu’a être vigilant face à la montée du virtuel pour empêcher que celui-ci ne nous isole les uns des autres dans une hypnose consentante. « Maintenir ou ne pas maintenir l’aggro », that is the question.

*La naissance de l’homme-foule, par Michel Eltchaninoff, Article paru dans PHILOSOPHIE MAG N°37