Archives de Catégorie: Littérature

Word I Manifest ; La source et le château

« Dans un monde unitaire, sous le regard immobile des dieux, l’aventure et le pèlerinage, définissent le changement à l’intérieur de l’immuable. Il n’y a rien à découvrir, car le monde est donné de toute éternité, mais la révélation attend le pèlerin, le chevalier, l’errant à la croisée des chemins. En vérité, la révélation est en chacun : parcourant le monde, on la cherche en soi, on la cherche au loin et elle jaillit soudain, source miraculeuse que la pureté d’un geste fait sourdre à l’endroit même où le chercheur disgracié n’aurait rien deviné. La source et le château dominent l’imagination créatrice du Moyen Age. Leur symbolisme est clair : sous le mouvement, trouver l’immuable ; sous l’immuable, trouver le mouvement. »

Raoul Vaneigem, Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations.

Luigi_Ghirri_Venezia_1986

Word I Manifest : Something is missing

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abillmiller

« Quel est ce détour par où, me poursuivant, j’achève de me perdre ? Quel écran me sépare de moi sous couvert de me protéger ? Et comment me retrouver dans cet émiettement qui me compose ? J’avance vers je ne sais quelle incertitude de me saisir jamais. Tout se passe comme si mes pas me précédaient, comme si mes pensées et affects épousaient les contours d’un paysage mental qu’ils imaginent créer, qui les modèle en fait. Une force absurde – d’autant plus absurde qu’elle s’inscrit dans la rationalité du monde et paraît incontestable – me contraint de sauter sans relâche pour atteindre un sol que mes pieds n’ont jamais quitté. Et par ce bond inutile vers moi, mon présent m’est volé ; je vis le plus souvent en décalage avec ce que je suis, au rythme du temps mort. »

Raoul Vaneigem, Traité de savoir-faire à l’usage des jeunes générations.

Île flottante

 

Treasure_Island_-_1985_-_Windham_Classics

La journée n’a pas encore commencé que déjà des mails ont été envoyés.
Avant le premier café.

Comme autant de bouteilles à la mer, je mets toutes les chances de mon côté,
un projet à décrocher avant que d’autres soient douchés ou imaginer ce que pourrait être l’horizon, à la tombée de la nuit, avec une table à réserver et éviter ainsi l’heure du thé au creux de la vague.

Je peux toujours rêver.

Le sable égrainé au fil de l’actualité sans fin, sans fond et voilà la matinée passée. Connecté en 4G, comptabilisant quelques like pour une photo bien cadrée, rien n’y fait. Ma popularité ne dépasse pas le premier cercle d’initiés (l’appelais-je ainsi pour me rassurer). Je reste anonyme à la face du monde, lesté par le flux des alertes presse et des newsletters auxquelles je me suis abonné. Croyant qu’empiler des nouvelles fraîches et des cadavres encore chauds à la Une des journaux, ça m’inspirerait, je comprends aujourd’hui que cela a pour seul effet de me paralyser.

Le déjeuner que j’attendais a été reporté, en vérité annulé, une urgence à traiter plutôt que d’arborer une mine désolée devant ma situation à la dérive, pensent-ils. Je refais le programme à l’arraché entre quatre murs, isolé face à l’immensité avec la nécessité de trouver un moyen d’échapper à ce vertige, de crever l’écran et prouver que cette condition d’insularité, c’était le prix à payer pour ne pas replonger. Parfois, par réflexe – nul n’est parfait – je rafraîchis ma page communautaire, en espérant y trouver un signe de vie qui me sortirait de cet isolement et éloignerait les doutes d’asociabilité, ne serait-ce qu’une seconde.

Après le goûter, je repars en quête d’inspiration même d’un mirage qui redonnerait espoir. J’imagine une porte dérobée derrière les étagères de cette bibliothèque si souvent fixée d’un regard bienveillant et plein de bonne volonté. Des Billy en série supportant des bouquins que je rêverais de lire à l’abri, dispensé des activités de survie ; dans la liste, des œuvres à emporter pour remplir mes jours de beauté sur une plage ensoleillée ou au coin du feu sous un ciel étoilé, une fois l’apocalypse passée.

Ici, la vérité, il y a de l’électricité dans l’air, la faute assurément à cette schizophrénie, devoir à tour de rôle jouer au bon et au méchant, faire les questions et les réponses et espérer s’y retrouver au moment de la fermeture des bureaux. Sans surprise, au premier signe de résistance, j’annonce un pétage de plomb en règle, plus fort qu’au cœur de la tempête, avec le mérite d’éviter l’étincelle et l’incendie dans les chaumières.

Avant de me coucher, il ne faudra pas oublier d’aérer.

Au départ, c’était pour voir. Tenter l’aventure. Quitter le confort d’un contrat flippant à durée indéterminée quand on vient d’avoir trente ans, flinguant toute ambition honnête de découverte et de mise sur l’avenir. Je n’imaginais pas un conte de fée, plutôt un roman d’apprentissage.

Je me sentais les reins solides pour affronter les éléments, la mer démontée,
les vents contraires, les jours de disette. Je me pensais assez malin et créatif pour survivre dans ce monde hostile, peuplé d’animaux sauvages à capturer, dompter, apprivoiser. Je spéculais sur mes instincts de guerrier et la chance du débutant. J’étais présomptueux face à cette liberté totale que certains nomment solitude. J’étais perdu dans cette zone désertée, destination rêvée mais très peu choisie vu l’investissement à fournir, incapable de profiter des possibilités de cette île que j’avais bricolée de toutes pièces et qui parfois, contre mon gré,
se métamorphosait en forteresse.

J’aurais pu être repêché par l’appel de ceux qui marcheraient sur l’eau pour sauver ma peau. Mais idiot, avec l’ego de Jack, je refusais toute invitation à chasser les idées noires, comme paralysé par cette réalité augmentée, conscient que cette retraite anticipée, cette quête d’un nouveau continent ne durerait qu’un temps… Qu’à la prochaine marée basse, je devrais trouver le passage, dépasser le rivage et aller découvrir l’archipel à la nage car sur cette île,
mes trésors restent lettre morte si je ne les mets pas en partage ou si je n’invite personne à en profiter.

Word I Manifest : Inspiration

Stop Breathing

« Et cependant tout le monde veut respirer et personne ne peut respirer, et beaucoup disent : « Nous respirerons plus tard », et la plupart ne meurent pas, car ils sont déjà morts.
Ce sera maintenant ou jamais. »

Raoul Vaneigem, Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations.

Word I Manifest : Extras

 » Et vous spectateurs,
allez vous faire foutre aussi.
Vous devriez avoir honte.

Honte à moi.

Je suis le pire,parce que je prétends
que le divertissement,
c’est ma vie.

Oui, c’est ma vie
parce qu’un vrai métier, c’est dur.

J’aurais aimé être médecin. Trop dur, trop d’études.

J’aurais aimé être héros de guerre, mais je suis trouillard.

Alors je dis :
« Voilà, c’est mon métier »,
et j’engueule les gens
si mon café est froid,
ou s’ils me regardent
de travers.
Une de mes amies
m’a dit un jour, « Tu seras jamais assez célèbre
pour être heureux ».
Elle avait raison. »

Extras – Saison 2 – Christmas Special

Word I Manifest : Room Service

 » Chambre 8
Elle te quitte
En se demandant où elle habite
Chambre 13
Très à l’aise
Elle t’invite à rejoindre la chaise
Chambre 20
elle revient
Avec la serrure dans les mains
Chambre 33
Sales draps
Tu ne la reverras surement pasTu te lèves plus vraiment sans raison, non
Tu regardes le miroir au plafond, et
Une bible, une fille, une bouteille, room-service.

Chambre noir elle développe des photos prises de toi pendant que tu dormais cette nuit de juillet
les amours d’une nuit se retirent sans un bruit
les amours d’une nuit sans défaire le lit
les amours d’une nuit nous sommes encore en vie

…,

Word I Manifest : Next Gen

« Une Génération peut apprendre beaucoup d’une autre, mais ce qui est humain au sens propre, elle ne peut l’apprendre de celle qui l’a précedée. A cet égard chaque génération commence comme si elle était la prémière, elle n’a pas une tâche différente de celle qui l’a précédée, pas plus qu’elle ne l’a dépasse, à moins que la génération précédente n’ai trahi sa tâche et se soit trompée elle meme »

Kierkegaard

MBK passe chez BHL et prépare l’après A.B / B.A

L’événement avec un petit {e} est le changement d’écurie d’un auteur dont le Manala se sent assez proche : MBK.

L’événement avec un grand {E} est la vague révolutionnaire qui souffle de l’autre coté de la méditerranée.

L'{E}vement semble avoir provoqué l'{é]vénement et une prise de conscience chez MBK induisant un virage idéologique.

En effet celui ci quitte le 4-5-1 de l’ « étoile rouge de Badiou  » pour rejoindre le 4-4-2 de « l’Olympique BHL ». Transfert à sensation dans le monde des idées car le philosophe est talentueux et que le changement est radical. Les mots fusent dans la petites sphère du monde des idées : trahison, abandon, renonciation. Mais au delà de la simple agitation et des mots à 4 syllabes que se balancent les idéologues, MBK est une fois de plus là où on le l’attend pas ? Après avoir suivi les traces de Badiou, et avoir contribué à la stature de sa pensée, le voila s’interrogeant sur les notions de mort, de nihilisme et de cynisme, questionnant et redéfinissant l’événement, éprouvant la concrète réalité.

Sans préjuger de ce changement, de cet nouvel horizon, de ce soudain optimisme, de cette foi fulgurante dans le Droit plus que dans la Force, on est curieux de découvrir le MBK NG, celui qui éprouve le monde des idées à l’épreuve de la réalité.

On s’enthousiasme pour cette appropriation par le peuple du concept de démocratie, pour cette effervescence palpable, cette révolution totale, pour ces communautés de citoyens qui s’organisent pour préserver leur révolution, pour ces questions et cet espoir que l’on a oublié depuis longtemps.

Peut être qu’il est temps de plonger en y croyant, de croire que le Droit est un levier, que le cynisme n’est pas l’horizon de la politique, que l’histoire reste à écrire sans vouloir repasser les plats d’hier.

[Péage dans 1000 mètres]

Sans être fan de l’homme à la chemise blanche on est heureux de savoir que rien n’est figé, que la pensée est libre et sans péage et que les chemins de la pensée n’emprunte pas les autoroutes toutes tracées.

[Attendre que la barrière se lève pour avancer,]

 

Word I Manifest : »Vivez une bonne vie….

« …S’il y a des dieux et qu’ils sont justes, alors ils ne se soucieront pas de savoir à quel point vous avez été dévots, mais ils vous jugeront sur la base des vertus par lesquelles vous avez vécu.
S’il y a des dieux mais qu’ils sont injustes, alors vous ne devriez pas les vénérer.
S’il n’y a pas de dieux, alors vous ne serez pas là, mais vous aurez vécu une vie noble qui continuera d’exister dans la mémoire de ceux que vous avez aimés. Je n’ai pas peur. »

Marc Aurèle, l’homme qui aurait kiffé les boulette point de power point

Word I Manifest : « La main gauche de David Lynch »

 » La recherche des significations enchâssées dans une œuvre d’art est l’activité participante du lecteur (ou du spectateur) dont l’objectif est bien l ‘assimilation de l’œuvre d’art et de ses composantes, et sa régénération dans son propre corps. La confrontation à une œuvre d’art authentique modifie notre manière de penser, de vivre, de mouvoir notre corps dans l ‘espace, de percevoir l’action de nos semblables dans la vaste composition du monde. C’est ce qui sépare un modeste divertissement d’une œuvre artistique »

Pacôme Thiellement » La main gauche de David Lynch », PUF, Paris