C’est un mix entre « le Bachelor » et le « Juste Prix », Lagaf ayant été remplacé par Moundir et l’amour se trouve à la fin du tour de Manège.
En effet, le concept est simple : Même si Moundir préférerait être dans une jungle, le voici dans le rôle de l’aventurier de l’amour, à la conquête de l’amour parmi 14 jeunes femmes, il devra trouver celle qui lui correspond le mieux. Selon la punch line « Une seule d’entre elles pourra prendre son cœur… ou choisir de repartir avec 15 000 euros. »Et voilà le défi de notre aventurier, pouvoir démêler les vrais sentiments de la stratégie intéressée ? Voilà l’enjeu de cette nouvelle aventure qui se déroule à Miami dans une villa de rêve…
Mais les images ne sont pas là par hasard, et donc, de quoi « Moundir : Aventurier de l’amour » est-il l’image ?
Tout d’abord et avant tout de la tentative de rationaliser l’évènement amoureux, par nature imprévisible qui est pour Moundir programmé à Miami autour de 14 candidates. Voila la rencontre amoureuse est son énergie encadrée. En effet, l’aventure de l’amour ne peut plus, dans ce cadre, être qualifiée d’obstinée et se rapproche ainsi de la perception cynique de quelques anti-amour Schopenhauerien qui ne voient dans l’amour qu’une justification de pulsions physiques en mode « random » hédoniste plus que la possibilité d’un amour vrai et construit. A vouloir tout rationaliser, nous voilà tenté de sécuriser nos coups de foudres. On cherche l’idéal, on analyse son profil, et on évalue le cout risque/bénéfice dans un savant dosage devant nous permettre de ne pas être déçus, de ne pas souffrir, de ne pas se tromper. On gère la rencontre comme sa PME, cette entreprise a-t-elle les reins solides, un M&A pourra-t-il me donner un avantage concurrentiel sur le marché ? Voilà ramené à 0 le risque de tomber amoureux, plus de hasard, et donc plus de poésie et d’intensité dans un horizon Meetic. Alors oui, Mondir, on peut tenter de tromper l’ennui par un saut en parachute, une virée dans le bayou, ou un ride en jet ski mais il n’en demeure pas moins que l’imprévisible ne pourra arriver à Miami à moins d’une sangle mal fixée. L’évènement est alors conscrit et avec lui le possible.
Moundir, Aventurier de l’amour est également l’image de l’apologie Holywoodien de la rencontre fusionnelle gonflée de romantisme. Or si l’amour s’initie dans la rencontre et permet à l’1+1 de devenir un « deux », la vie par la suite se construit. On nous vend la crainte du quotidien mais l’amour se réalise dans la durée, l’amour est une construction durable qui triomphe malgré les obstacles, qui doit dépasser un haleine de chacal au réveil, les crises de paniques, les stress quotidiens et les « moins bien ». Moundir participe à cette glorification de la rencontre fusionnelle or il est facile de tomber amoureux et même parfois égoïste quand on aime être aimé, le plus passionnant étant de le rester et alors nous pourrons affirmer que l’un n’est pas et ne sera jamais.
Et oui Moundir le vrai risque est dans la vraie vie, loin des strass d’une virée à Las Vegas, dans l’amour qui perdure, au milieu des rides ,des déceptions et des réalisations communes, c’est pourquoi tu aura beau t’insurger et hurler « Touches pas au Grisby salope », sache que l’amour n’est pas chose que l’on dompte….
Et certains pensent encore qu’il ne s’agit que de TV.
Note : « Eloge de l’amour », Alain Badiou avec Nicolas Truong (Flammarion, « Café Voltaire », 90 pages, 12 euros). © 2009
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