On vient de re-sortir de son tiroir Spinal Tap et voilà que nous replongeons dans l’univers du rock de chevelu amateur de serpent. Spinal Tap1984 – Anvil 2010 : same old story. Les fringues sont les mêmes, lanières de cuir croisées sur le torse, loin de la finesse de Proenza Schouler, les thèmes de la gémellité créative et des promesses d’ado y sont également de mise. L’ampli crache bloqué sur 11, seule différence internet et la crise de l’industrie du disque sont passés par là.
Anvil est un groupe canadien, de speed Metal qui joue de la guitare avec un vibro et qui écume encore les sous-sols de l’Europe de l’Est rêvant du grand soir, celui de la signature par une major, celui du ride en limo et des check sound dans des stades. Ce film nous ramène donc à nos promesses adolescentes, à celles du groupe de rock qui jouait dans le garage des parents entre la scie sauteuse Black et Decker et la R5 de maman.
A l’époque deux alternatives soit t’étais Rock, soit t’étais Rap. Le mélange des genres n’était pas admissible et la fusion assez douteuse. Le mainstream était une honte car pas encore branch’stream et les étiquettes un bout de papier collant rassurant en pleine crise de bouton. C’était l’époque de la fidélité, de la peau grasse et de l’amitié rassurante et fusionnelle, même s’il fallait se laisser pousser la mèche, porter un imper noir et batailler pour rentrer dans un jean moulant. Le bon temps du hard, du core, du métal et des cris. Celui de la communauté. Alors oui Anvil est rassurant, touchant car de nos jours, la naïveté est raillée et le réalisme est une qualité inculquée avec son premier biberon.
Mais comment en sommes-nous arrivés là, derrière notre écran de PC ou de Mac à refaire un devis alors qu’on partageait une clope en se jurant fidélité à la vie à la mort ? Qu’ y a-t-il de noble à faire la queue au stand « saveurs du monde » de notre resto d’entreprise quand on pourrait déguster pour la 4e fois de la semaine un délicieux taboulé entouré de ses rodies défoncés au speed ? C’est pas une crise de trentenaire trouvant refuge dans le cocon de sa niaiserie adolescente mais bien une déclaration d’amour à la liberté de ceux qui y ont cru, au risque de se planter et qui sont désormais de magnifiques loosers au royaume des Rolex.
La prise de risque du passage à l’acte voilà la différence et voilà ce qui rend Anvil si attachant.
On la monte cette pizzeria.