A l’heure où l’on valorise notre France septentrionale, que notre identité ne se conçoit que nationale et que le chant de la Marseillaise sera imposé, le Manala pas à l’abri d’une contradiction, revient sur un fait significatif de notre époque contradictoire ; l’affaire, que les médias ont baptisée “l’Affaire du Brigadier Ounoussou Guissé”. On préfèrera ” l’affaire Soldat Guissé” ça sonne moins Hergé période 1931.
Certes le Manala a bénéficié de la loi du 28 octobre 1997 suspendant la conscription au profit du volontariat et aucun d’entre nous n’a du simuler l’asociabilité se roulant en pyjama bisounours dans la caserne de rattachement pour se faire reformer P4 mais cela ne nous empêche pas d’être attentif à notre époque.
En effet, il y a quelques semaines, la Justice a contesté la nationalité française d’un militaire de l’armée Française, le Soldat Guissé du 1er régiment de hussards parachutistes (RHP) de Tarbes. Ses nombreuses opérations extérieures qui l’ont conduites notamment sur le théâtre Afghan ne pèsent pas lourd. Derrière cet imbroglio juridique, on peut tout de même déceler la conception contemporaine tant de l’engagement militaire que de la nationalité Française dans un état remettant en cause la parole donnée.
Fidèle à sa tradition, le Manala développera son argumentation en II temps, afin d’aborder la notion de made in France puis de s’interroger sur le sens de l’expression mourir pour la patrie.
I. » Made in France »
Bien que né au Sénégal, le Soldat Guissé résidant Français depuis ses 17 ans, a des papiers français délivrés par une autorité Française. Lors de la décolonisation du Sénégal en 1960 et conformément à la loi d’accession à la nationalité, le père du Soldat Guissé, a acquis la nationalité française en tant que résidant Français. Mais une récente jurisprudence de la Cour de Cassation remet en cause cette nationalité acquise en vertu du droit du sang en réinterprétant la loi de1960 puisque exigeant désormais que la famille ait également vécue en France pour obtenir la nationalité Française. Passons sur le fait que le Parquet ait fait appel d’un premier jugement en faveur du soldat, et que cette procédure n’est donc pas que le fruit du hasard.
II. » Es Partia Mori »
Nous ne sommes définitivement plus dans cette société où demeure l’honneur, qui offre “comme récompense aux héros le bruits des actions qu’ils ont menées ; la notoriété et la distinction” [Montesquieu / de l’esprit des lois].
Aujourd’hui, on ressort les drapeaux pour draguer le chaland, on scande l’hymne pour couvrir la colère, et on renie sa nationalité à un soldat qui porte l’uniforme Français. Et c’est cette “certaine conception” de la France, éternelle et patriotique qui prend un coup quand l’expression “Servir sous le drapeau” ne veut plus rien dire.
Non le Manala ne pense pas que la citoyenneté ne peut s’accomplir pleinement qu’à l’ombre d’une caserne mais il est tout de même révélateur qu’un homme qui met en péril sa vie au nom de la nation Française et qui sert sous ses ordres puisse se voir denier sa nationalité à l’heure où un débat national sur notre identité nationale est annoncé.
Alors certes le soldat citoyen est une antiquité oubliée, et désormais les soldats sont les cadres d’entreprises d’une guerre sur les marché “export” armés de ppt et nos chevaliers d’honneur font la couv de “Management” ou “Cadre Mag” en mode “bo gosse” mais on préféra toujours être un ancien perdu chez les modernes car
« non [on] n’entends pas mourir sans lutte ni sans gloire ni sans quelque haut fait dont le récit ne parvienne aux hommes à venir « .
Iliade XXII
A.F
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